Deftones – Ohms

Note : 5 sur 5.

De la vague des groupes de nu-metal de la fin des années 90 et qui connurent un immense succès, s’il ne devait en rester qu’un, nombreux seraient les fans à choisir les Deftones. Les cinq de Sacramento ont su au fil des années affiner leur style, créant surtout à partir de leur troisième album devenu culte White Pony (2000 – Maverick) un metal évanescent mêlant lourdeur et sonorités synthétiques, une sorte de « wavecore »  qui traverse le temps sans prendre une ride. 

On s’en aperçoit dès les première secondes du bien nommé « Genesis » qui ne ménage aucun suspense. Son intro atmosphérique soudainement taillée en pièce à coups de riffs lourds et de cymbales furieuses donne le ton, Chino Moreno et consorts sont dans une forme éclatante, et Stephen Carpenter est de nouveau créatif à 100%, lui qui ne cachait pas son manque d’engouement il y a quatre ans pour Gore (2016 – Reprise Records). 

Le retour en grâce du guitariste a certainement pesé dans la direction artistique, les Deftones se sont reconcentrés sur leur décennie dorée, Around The Fur (1997) – White Pony (2000) – Deftones éponyme (2003), et par conséquent ce n’est pas un hasard si le retour de Terry Date à la console alimente tant les conversations pour être unanimement salué. Le producteur, que l’on pourrait presque se risquer à qualifier de sixième homme de la bande, permet au groupe de retrouver l’intégrité du son qui l’a propulsé.

La suite des choses confirme l’excellente première impression. Ohms (2020 – Reprise Records) avance comme un bloc dense et irrésistible entre léthargie, lourdeur et effroi. Et magie des compositions, il se dégage de toute cette noirceur une énergie, une élévation, une beauté.

Mentions particulières pour « The Spell Of Mathematics » avec un Abe Cunningham des grands soirs derrière sa batterie, « The Link Is Dead » où Carpenter nous emmène jusqu’au bord de l’abîme et enfin à « Ohms », le morceau titre tempétueux, précis, surprenant et meilleur riff de l’album.

Seul bémol à ce concert de louanges, cette fois-ci on n’a pas été emballés par l’esthétique du visuel de Frank Maddocks. En charge des pochettes depuis White Pony, il avait su se renouveler en permanence, Koi No Yokan (2012 – Repirise Records) restant à notre humble avis son oeuvre la plus inspirée. 

Nous précisons bien l’esthétique, car l’idée du nuage de points garde tout son pouvoir inspirant. La preuve en étant que les fans ont voulu y voir les yeux du regretté Chi Cheng, bassiste décédé en 2013 après cinq ans de coma, un traumatisme dans la vie du groupe. Et même si Abe Cunningham a expliqué qu’il n’en était rien, il reconnaissait lui même le caractère étrange du fait que l’on puisse aussi bien superposer les deux regards.

Au fil de leur neuf albums les Deftones ont bâti une oeuvre pierre par pierre, sans jamais briser l’équilibre de l’édifice, et aujourd’hui, ils font en quelque sorte la somme de l’ensemble, prenons les paris qu’Ohms restera comme un temps fort de 2020.


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