Les groupes engagés n’ont pas totalement disparu des radars, et avec les temps troublés que nous connaissons on attendait peut être un peu plus de mordant. Les californiens de FEVER 333 relèvent le gant et sortent WRONG GENERATION (2020 – Roadrunner Records), un disque de colère, la colère de jeunes gens qui ne supportent plus la situation sociale d’une jeunesse perdue entre racisme et autres discriminations. Un EP enfanté dans la douleur des manifestations à la suite de la mort de George Floyd.
Bien que centré sur la situation américaine le discours peut résonner partout où les injustices s’accumulent, autant dire qu’il y aura l’embarras du choix.

Pour réussir leur coup le trio avait besoin d’un single ultra catchy et d’un démarrage rageur. C’est réussi dans les deux cas, pour ce qui est du single « SUPREMACY » a largement capté l’attention, on a retrouvé le titre dans à peu près toutes les bonnes playlists rock, y compris celle du Blog Rock (autopromotion). Certes la grosse ficelle Linkin Park se voyait de très loin au point que Chester Bennington en personne semblait vraiment revenu chanter sur les refrains, mais au final la rampe de lancement a fonctionné. Côté démarrage rageur « BITE BACK » fait figure de tornade. FEVER 333 déroule, son rugueux, gros riff, de l’urgence, de l’énergie portée par Travis Barker en invité de luxe et un dernier couplet talkover en forme de porte-voix contestataire. N’en rajoutez plus, en fait si, le titre est également sorti en single. Et pour le coup, même si l’ombre du néo-metal et de Linkin Park plane toujours à proximité, « BITE BACK » possède bien plus de personnalité que « SUPREMACY ».
Le challenge pour la suite est donc de rester au niveau des espoirs crées par ces deux singles. Le groupe a choisi la brièveté, 8 titres, 18 minutes seulement et offre un concentré de rage et de protestation. Le tout emballé dans un rap metal efficace beaucoup plus proche d’un Rage Against The Machine, notamment dans « WRONG GENERATION » et « U WANTED A FIGHT ». La contribution de Walter Delgado (du groupe punk screamo Rotting Out) apporte un surplus de sauvagerie juste avant « LAST TIME », unique moment suspendu en guitare voix hélas un peu court, 1:13 minutes.

Le son reste entre les mains expertes du producteur bien connu John Feldmann, présent aux côtés du groupe depuis le début ou presque. Cette fois-ci il n’est pas venu les mains vides puisqu’il avait dans ses bagages Travis Barker rencontré et certainement apprécié pendant les séances du dernier Blink-182. Ainsi pour le coup céda son siège le très compétent Aric Improta mais que voulez vous, Jason Aalon Butler en a décidé ainsi
Et le résultat ne désavoue pas les choix du frontman, WRONG GENERATION porte en lui tout ce qu’il faut pour être le disque de la lutte, la bande son de Black Lives Matter, ce qui peut encore prendre un certain temps hélas.
Musicalement on aurait attendu un peu plus d’émancipation et disons-le de travail d’élaboration, afin de prendre plus de recul vis à vis des influences majeures. Butler et consorts on préféré se concentré sur la spontanéité d’un EP écrit et enregistré en une semaine, la révolte brute.