Du haut de ce treizième album des américains 25 ans de carrière vous contemplent. Une discographie exemplaire, une réputation sans tâche d’énorme groupe de live, plusieurs albums bien placés au Billboard, il n’aura finalement manqué à Sevendust que de signer un tube pour s’installer comme un des patrons du rock US. Plus facile à dire qu’à faire. Ce qui explique un relatif manque de notoriété en France derrière le big four du nu metal, ci-devants Korn, Deftones, Limp Bizkit et Linkin Park.
N’en demeure pas moins que chaque livraison du quintet d’Atlanta mérite toute l’attention de chaque fan de riff précis, de chant puissant et de gros son de manière générale. Jetons nous donc sur Blood & Stone (Rise Records), le cru 2020.

13 titres, 50 minutes, il y aura de quoi satisfaire nos appétits aiguisés par une année qui semble vouloir nous contrarier jusqu’au bout. Quoique les premières secondes pourraient bien nous apporter une éclaircie, au moins le temps d’un disque. La bien nommée « Dying To Live » possède un souffle, une énergie toute maîtrisée, nous voici conquis d’emblée. Riff ultra rythmique parfaitement maîtrisé, refrain mélodique, jeu de dédoublement du tempo, le ton est donné, cela pourra être technique certes mais pas à n’importe quel prix.
Et il faut le dire tout nous va dans ce disque. Hélas toujours pas ce tube dont on parlait en introduction, mais une très belle collection de chansons efficaces et de riffs solides. Et si l’ascendance nu metal se fait encore un peu sentir, la musique de Sevendust a progressivement évolué vers un metal alternatif plus classique, un son moins compressé, un chant moins rappé et plus mélodique qui va si bien à un Lajon Witherspoon dans la fleur de l’âge qui n’a plus rien à démontrer et qui domine les débats avec assurance. A l’image du groupe, il sait où il va. Plus besoin d’afficher une agressivité omniprésente, on fait des chansons bien construites et intelligentes et on garde la capacité d’être tranchant quand cela fait sens.
Blood & Stone réalise l’alliance de la solidité et de la mélodie, les slow rock comme « Feel Like Going Home » ou « Nothing Left To See Here Anymore » tiennent leur place au milieu des robustes « Dying To Live », « Against The World » et « What You’ve Become ».
Et pour finir, la bonne surprise du chef, « The Day I Tried To Live ». Une reprise de Soundgarden toute en classe, en respect, en retenue. Sur ce titre techniquement tout à fait casse gueule, largement ignoré du grand public mais cher au coeur des fans Sevendust rend un hommage impeccable à la chanson elle même et à Chris Cornell disparu en 2017.

On parlait plus haut de metal alternatif, il fallait à la console de mix la bonne personne. Sevendust l’a trouvé en Mickael Baskette dont le nom fait sourire jusqu’à ce qu’on appuie sur Play. Ensuite croyez le, on en prend plein les oreilles pour notre plus grand plaisir. Il faut dire que le bonhomme avait déjà accroché à son tableau de chasse plusieurs albums pour Alter Bridge, Chevelle, Incubus, Limp Bizkit (assistant), ici encore les 5 d’Atlanta savaient donc où ils allaient.
Une fois encore Sevendust – à défaut de surprendre – ne décevra pas, ce qui peut au moins autant expliquer leur longévité que leur déficit de notoriété. Pour autant, vous avez à portée de clic un album cohérent, solide et bien fichu. Foncez !