La mélodie n’a pas de patrie, et certains artistes comme Jef Maarawi incarnent cette idée à merveille. Sa musique mélange influences culturelles issues de son propre métissage et influences personnelles liées à son cheminement artistique. Pour notre plus grand plaisir.

N’allez cependant pas croire que le garçon cherche tant que ça à nous égarer, son deuxième disque TERRA PAPAGALLI (2021 Inner Ear Records), « la terre des perroquets », de l’ancienne façon de nommer le Brésil, développe un univers paisible folk et coloré dans lequel l’auditeur n’a plus qu’à se trouver une place confortable et à profiter du festin mélodique.
La chanson titre qui ouvre le programme séduit en quelques secondes. Cette ritournelle tranquille parsemée de dissonances subtiles aboutit à un refrain solaire et remarquablement accrocheur. Les jalons sont posés. La musique de Maarawi apaise, elle diffuse une douce atmosphère poétique et désabusée, les textes venant souvent en contrepoint d’orchestrations chaleureuses teintées d’exotisme.
Le musicien brésilien relocalisé à Athènes excelle dans les ballades qui constituent une grosse moitié de l’album entre rêveries et interrogations sur la vie, la culpabilité, le Brésil. En somme, Maarawi soigne la forme et le fond. Les orchestrations nous donnent à entendre ce mélange entre folk et instruments traditionnels sans tomber dans le piège du trop-plein et la voix peut se déployer dans toute son expressivité. Maarawi se révèle un excellent chanteur, inspiré et intense.
Mention spéciale à « Caveboi », dépaysante à souhait et pourtant si familière. Et en plus du superbe single « TERRA PAPAGALLI » nous retenons également « Fashion & Faith & Fantasy » qui clôt l’exercice avec classe, une dernière mélodie qui s’en va pas à pas comme pour accompagner notre retour à la réalité.

Au final, cet attelage réunissant un peu de Syrie, de Grèce mais aussi et surtout musique brésilienne, Bob Dylan et Sufjan Stevens séduit par sa richesse et son accessibilité. Jef Maarawi fait partie de ceux qui nous permettent d’écouter et de voir un peu plus loin, nous saisissons cette main tendue.