Comment ne pas être une fois de plus impressionnés par les quatre d’Atlanta ? Leur nouvel album massif – 1h26 – déroule son metal progressif et réussit à marier de manière très personnelle des notions parfois antinomiques : virtuosité, mélodie, colère, sens du dosage, complexité, riffing, harmonie, contemplation. Hushed And Grin devrait satisfaire les fans auxquels les deux derniers disques plus mainstream avaient déplu et qui souhaitaient un retour vers des constructions plus élaborées.
Ici Mastodon a choisi de se donner entièrement pour faire un hommage à la hauteur de l’estime qu’ils portaient à leur manager Nick John disparu récemment. Définition du respect, bravo Messieurs.
En playlist : Pushing The Tides
On prend trop peu le temps dans nos pages de parler des indépendants non signés. On y trouve pourtant de la musique finement ouvragée, dont la production n’a pas tant que ça à envier aux grandes écuries. Ne leur manque qu’un peu d’exposition. A l’image de Paul Galiana, chanteur guitariste parisien aux textes subtils traquant la poésie du quotidien et démontrant un talent certain pour l’allitération.
La musique révèle un tempérament rock rappelant les belles heures de Téléphone et de Thiéfaine, les harmonies vocales en plus.
Bref, un excellent moment de rock en français de la part d’un artiste qui mérite plus d’attention.
En playlist : Que Faire Qu’on Finira ?
Leur mélange de metal et de psychobilly continue de faire mouche sur ce huitième album. Un peu en pilotage automatique certes mais avec une science qui force le respect. Les amateurs de riffs solides, de refrain de stade et de grosse production en auront à coup sûr pour leur abonnement streaming.
Deux points noirs néanmoins. Tout d’abord second couteau de Metallica un jour, second couteau toujours, comment ne pas entendre par exemple Sad But True sur Say No More ? Ajoutons un sentiment tenace de remplissage inutile donnant à Servant Of The Mind au bas mot 30 minutes de trop.
En playlist : Heaven’s Descent
Il faut croire que James Benson – frontman de Chrome Waves – avait envie de changer d’atmosphère pour quelque chose de moins sombre.
Et si l’on appelait cela du grunge-gaze ? Une chose est certaine, ce groupe fraîchement formé prend des initiatives, expérimente avec des résultats très prometteurs sur ce premier effort. Le tout soutenu par un mix massif, reverb poussée jusqu’à la stratosphère.
A Way Back ouvre une évolution, reste à voir si le public va suivre ou si nos quatre musiciens – qui semblent par ailleurs bien occupés – auront l’envie de persévérer et de faire de Comatose plus qu’un side project.
En playlist : Inside
Huitième album pour le projet atmospheric doom metal de Kostas Panagiotou, un travail plus ramassé qu’à l’accoutumée, en 4 titres seulement mais aussi avec la pièce la plus longue de la discographie de Pantheist, Strange Times qui s’étire sur près de 24 minutes.
Closer To God, au long de ses 47 minutes joue sur la dualité des intensités, de longues plages contemplatives d’orgues et claviers dialoguant avec la lourdeur de la section rythmique, les voix claires parfois parlées alternant avec la voix gutturale, le tout accompagné par des guitares jouées avec beaucoup d’à propos.
Pantheist continue donc à élever le doom metal vers les cieux sans trahir l’essence du genre, on en redemande.
En playlist : Strange Times
Ces anglais menés de main de maître par Toby Jepson se sont fait en deux albums une solide réputation de machine à riffs de premier ordre. Et cette troisième salve ne déroge pas à la règle, la même équipe remettant le couvert avec une énergie sur laquelle la pandémie ne semble pas avoir eu de prise.
12 titres, près de 45 minutes, le boulot est fait et bien fait. On secoue sérieusement la tête à l’écoute de ce mélange de hard rock 70’s sévèrement riffé et de hard FM. Le visuel sc-fi comics ajoutant un petit vernis de dérision nous rendant définitivement ces quatre talentueux garçons extrêmement sympathiques.
En playlist : Even Up The Score
Le septième album des californiens fait la somme d’une expérience unique exploitant les restrictions liées aux multiples confinements des deux dernières années.
Elaborer et sortir trois EP en quelques mois avait tout de la mission impossible. Pourtant, à y réfléchir deux fois, délayer ainsi la production du groupe avait tout du pari gagnant. A condition que la musique soit à la hauteur. Et question metalcore, le quatuor connait son affaire.
Coup de chapeau messieurs, Echo tient toutes ses promesses. Bien sûr peu de surprises puisque la musique avait déjà été progressivement révélée. Mais la cohérence de l’ensemble ainsi reconstitué rappelle cette satisfaction de poser enfin la dernière pièce d’un puzzle. L’oeuvre est désormais complète. Et remarquablement illustrée, ce qui parachève la réussite.
En playlist : Obsolete

20 Seconds Falling Man – VOID
Indépendant
3.5/5
Les nantais partent gaillardement chasser sur les terres post-metal de Cult Of Luna et le font avec intelligence, en respectant les maîtres et en y apportant leur personnalité. En l’occurence des riffs allant puiser aussi dans le stoner et un chant plus screamo que grunt.
Bien sûr, en tant qu’autoproduits sur un premier album, et même s’ils sont déjà depuis quelques temps dans les petits papiers du Hellfest, la prod ne peut pas égaler encore les suédois.
Restent ici six titres intenses promettant de beaux moments en live. 20 Seconds Falling Man avait connu un premier hiatus de 6 ans entre ses deux premiers EPs, ils semblent aujourd’hui retrouver un certain rythme de croisière. Pourvu que ça dure.
En playlist : Dear Lord
Difficile de passer à côté du premier véritable album des américains de Sentinels si vous suivez la scène metalcore. Véritable prise de pouvoir, Collapse By Designe affiche les ambitions du groupe. Musicalement peu peuvent se targuer d’une telle maîtrise et d’une telle créativité. Les nombreuses incursions mathcore réhaussent encore des compositions nerveuses et ciselées. Les riffs fusent, ça bastonne sévère et la nouvelle recrue au micro Josh Hardiman tient la baraque avec poigne.
Techniquement, ça valait le coup d’aller trouver le bien nommé Randy LeBoeuf, sa production chirurgicale, telle la nature, a horreur du vide et sert la musique par sa précision.
Enfin, ici ce n’est pas anecdotique, le visuel de Caelan Stokkerman a tout de la toile de maître.
Une réussite sur tous les plans qui devrait logiquement ouvrir de larges portes à cette sympathique bande de jeunes énervés et sacrément doués.
En playlist : Inertia
Une réflexion sur “Les Ecoutes De Février 2022”