Toundra – Hex

Note : 4.5 sur 5.

Pas vraiment terre de post-rock en soi, l’Espagne nous fournit pourtant un des meilleurs représentants européens du genre avec Toundra qui sort son déjà septième album depuis 2008. Autant dire que malgré une notoriété un peu en retrait par rapport aux Caspian, Mogwai, Russian Circles et consorts, les espagnols affichent une sacrée expérience. 

Pensez vous, un album plus ou moins tous les deux ans depuis quatorze ans, plus les tournées, non on ne chôme pas du côte de Madrid. D’autant que, même si ça remonte un peu, il a fallu lutter contre les vents contraires après le départ de Victor Garcia-Tapia, guitariste de leur première trilogie d’albums et considéré alors comme l’éminence grise du projet. Le groupe a d’abord su trouver les ressources en sortant un IV plutôt apprécié (2015 Century Media), puis vacillant lourdement, intégrant même un chanteur pour sortir le dispensable Para Quienes Aun Viven (2017 Superball Music) sous le nom d’Exquirla. 

Tournant la page, les madrilènes retrouvèrent une stabilité qui ne leur a dès lors plus fait défaut en publiant Vortex en 2018 (Inide Out Music).

En 2022, deux ans après avoir composé la très belle musique du film Das Cabinet des Dr. Cagliari (2020 BMG Spain), voici le quatuor de retour vers un format plus libre avec Hex (Inside Out Music). 

Et ils se saisissent d’entrée de cette liberté retrouvée en signant leur titre le plus long, El Odio, La Haine, un titre fleuve conçu en trois parties pour plus de vingt minutes. Assurément le quatuor vient de produire sa pièce maîtresse et démontre qu’il sait tenir la distance. Les titres avaient jusqu’alors rarement dépassé la durée symbolique des 10 minutes, excepté sur Das Cabinet des Dr. Cagliari, ce qui a certainement mis le groupe sur la voie. Sur El Odio le compte est bon, structure étirée, parties multiples, patience, une impressionnante maîtrise des enchaînements, c’est une masterclass.

Si le premier rôle tient ses promesses, cela ne doit pas éclipser la très bonne tenue des morceaux restants. En effet, après une telle rampe de lancement on aurait facilement pu imaginer que l’album allait ronronner et nous raccompagner gentiment vers la sortie, mais non. Ruinas à la lourde tâche d’enchaîner et semble de premier abord plus convenue. Ce serait faire fi un peu vite de sa complexité rythmique et du numéro d’équilibriste des guitaristes David Lopez et Esteban Giron qui réussissent à trousser des solos tels un duo de funambules.

La larga Marcha propose un long crescendo bien mené et Watt nous remet une petite piqûre de rappel d’El Odio avec le retour du saxophoniste Adria Bauzo qui ajoute inspiration et innovation dès qu’il sort une note. 

Et puisque nous nous sommes embarqués à dire un petit mot de chaque morceau, FIN explore une facette plus atmosphérique, et c’est là en effet que l’on se fait raccompagner gentiment vers la sortie.

Produit une fois de plus par Santi Garcia qui suit le groupe presque depuis ses débuts, Hex s’inscrit logiquement dans la continuité, respectant les canons du genre avec une rythmique puissante et de belles reverbs sur les guitares. Peut être Toundra gagnerait à prendre quelques risques à ce niveau et à endosser une identité sonore plus reconnaissable. Du côté des compositions les espagnols ont définitivement changé de braquet et ne devraient plus tarder à rejoindre le peloton de tête.

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