Cave In – Heavy Pendulum

Note : 4 sur 5.

Fin 2019 on avait laissé Cave In endeuillés, et l’on avait admiré alors leur force et leur détermination à honorer la mémoire de leur ami et bassiste Caleb Scofield décédé à la suite d’un accident de la route. Final Transmission (Relapse Records 2019) a été assemblé à partir des mémos et maquettes de travail sur lesquels le groupe travaillait pour un nouvel album.

Une fois ce travail achevé – et le disque une réussite – il allait sans dire qu’un grand nuage d’incertitude planait sur l’avenir. Mais les doutes furent rapidement dissipés tant les trois membres restant ont su éviter l’écueil de l’enfermement. Nate Newton, qui jouait dans Converge que l’on pourrait qualifier de groupe frère de Cave In, a accepté de reprendre le job de Caleb Scofield poste pour poste comme on dirait dans le sport. Il joue donc de la basse et s’occupe du chant screamo, assurant une véritable continuité stylistique.

Et pour ce premier album de l’ère post Scofield, le quatuor n’a pas manqué d’inspiration, 14 titres pour 1h10 ce qui fait d’Heavy Pendulum (Relapse Records 2022) la plus longue pièce de leur discographie. 

New Reality qui ouvre le bal nous rassure, en quelque sorte on en avait besoin. Toujours entre space rock et post hardcore, l’orchestration apparaît nerveuse et spatiale. Et il y a bien sûr ce premier texte qui aborde ce passage de témoin, la musique de Cave In fonctionne car elle ne ment pas. On y pense rarement sous cet angle, mais accoucher d’une telle tornade en ouverture a du tout autant rassurer le groupe que nous.

Le trio de tête est un sans faute, les lignes de chant de Stephen Brodsky nous ramèneraient bien vers Antenna (RCA 2003) que l’on avait adoré même s’il a mauvaise presse, mais le tourbillon furieux qui l’accompagne, particulièrement sur Floating Skulls qui se paie même le luxe des mesures asymétriques, semble arriver directement de White Silence (Hydra Head 2011). 

C’est par conséquent très bien vu de calmer le jeu assez tôt avec la chanson titre qui suit, un rock plus lent, aérien, qui permet de reprendre son souffle sans faire retomber le soufflet.

Si le deuxième quart du programme se fait moins remarquer, Careless Offering montre une belle lourdeur bien accentuée par sa signature à 6 temps qui allonge chaque phrase quand Blinded By A Blaze enfonce le clou sur la durée, plus de 7 minutes de longues envolées instrumentales et de beaux couplets signés Brodsky.

La deuxième moitié de l’opus offre toujours cette sophistication rythmique, cette lourdeur, ces moments alambiqués qui se trouvent bien résumés sur Searchers Of Hell mais avouons tout de même qu’après le petit coup de speed amené par Amaranthine, seul tempo un peu vif sur l’ensemble des 14 chansons, on aime ce qu’on écoute bien sûr mais on est surtout encore sous l’effet de ce départ massif.

Et puis vient la fin, et quelle fin. Wavering Angel commence éthéré et prend de la puissance au fil des couplets, un texte sublime, un contrepoint à New Reality, les deux chansons se complétant pour transmette cette idée simple et pourtant essentielle : on n’a pas le choix d’avancer, mais on a le choix de ne pas oublier. En tout cas c’est comme cela que nous l’avons compris.

Mention spéciale : il faudra un jour penser à ériger une statue à Converge pour avoir largement contribué à la survie de Cave In. On a déjà évoqué le transfert de Nate Newton, parlons maintenant de Kurt Ballou dont le nom ne doit pas seulement nous faire sourire. Le guitariste de Converge est également un producteur talentueux à qui l’on doit notamment les derniers Kvelertak, Gatecreeper ou encore Russian Circles. Son mix, à l’image de la sensation que nous avons décrite un peu plus haut, nous fait entendre la synthèse entre Antenna et White Silence. Pourtant on n’aurait pas trouvé deux albums avec des approches plus éloignées dans la discographie de Cave In. Antenna le mainstream versus White Silence le rugueux = Heavy Pendulum

Un mot encore avant de conclure, car on ne pouvait pas ne rien dire de la pochette superbe. Une sorte d’apocalypse saturnienne signée par le Gallois Richey Beckett dont on ne saurait que trop vous recommander le site pour voir à quel point le bonhomme est talentueux. De loin de plus bel artwork de la discographie de Cave In.

Disque inespéré, il aurait fallu connaître personnellement Caleb Scofield pour imaginer son avis sur la musique de son groupe sans lui. Brodsky, McGrath et Conners disent avoir pensé à leur pote très souvent pendant la création de l’album et aux idées qu’il aurait apportées, faisons leur confiance, une part de Scofield est toujours bel et bien là.

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