Moon Tooth – Phototroph

Note : 4.5 sur 5.

Si vous avez toujours pensé que le rock alternatif manquait de sophistication et que le rock progressif manquait de mordant tout en vous fatigant du côté trop intellectuel du metal progressif,  ce nouvel album de Moon Tooth pourrait représenter une sortie par le haut à votre problème.

A la fois servi par une maîtrise technique impeccable et par une envie de composer des chansons sans chercher (en tout cas pas trop) à faire des masterclasses, le quatuor peut de surcroît se targuer de disposer d’un chanteur aux interprétations intenses et inspirées comme on en entend que trop rarement.

Musiciens plutôt actifs, Phototroph est déjà le troisième album depuis 2016, le deuxième sur Pure Noise Records, un label que l’on connaît plus pour le pop punk mais qui a décidé de jouer l’ouverture. Et tant mieux pour nous.

@internal.vision

On ne cherchera pas à faire les malins, Moon Tooth, on vient de les découvrir avec ce nouvel album. Il aura fallu que tombe à l’eau pour raisons médicales (grosse frayeur pour le guitariste Nick Lee heureusement remis sur pied) un projet de première partie de Cave In (dont le dernier album est chroniqué ici) pour que les New Yorkais arrivent jusqu’à nous.

Et en guise de premier contact, un titre comme « I Revere » produit l’effet d’un bon tour de grand huit dont on ressort un peu béat et décoiffé. La faute justement à Nick Lee absolument irrésistible dans ses volutes guitaristiques et à Ray Marté, bastonneur précis et increvable.

Et que dire du chanteur John Carbone ? Une voix inattendue qui démarque immédiatement le groupe, ni teenage pop punk (les sorties chez Pure Noise ont tendance à se ressembler), ni metal, une technique frisant la perfection et une grande expressivité, les acapellas doivent filer la chair de poule. Vous direz que l’on néglige Vin Romanelli et sa basse, alors qu’il est énorme. Dans un groupe d’un tel niveau vous ne pouvez trouver qu’un grand bassiste et ils ont ce grand bassiste, impéccablement calqué à la fois sur la batterie et sur la guitare.

Onze titres, quarante deux minutes, une musique dense et virtuose qui peut parfois rappeler Mastodon (dernier album en Ecoutes du Mois ici) mais avec un son un peu plus rugueux et un style plus concentré. Les chansons vont plus ressembler à une suite logique chez les New Yorkais que les Atlantans (oui on dit comme ça) qui jouent sur deux facettes metal et prog qui coexistent au fil de leur discographie. 

Parmis les grands moments, outre « I Revere » citons « The Conduit » avec son intro rouleau compresseur, le solo tout en notes étirées de « Grip On The Ridge », le refrain obsédant d’ »O My Isle » et de manière générale l’excellent choix de singles, « Alpha Howl » en tête.

Aux manettes pour la production le binôme Ray Marté / Josh Wilbur a fonctionné à merveille. Un mélange de « fait maison » avec les prises assurées par le groupe lui-même sous la houlette de son batteur et de superstar du mix en la personne de Josh Wilbur qui compte à son tableau de chasse une bonne partie des groupes de rock et metal les plus respectés et/ou à succès aux Etats Unis : Quicksand, Korn, Megadeth, Of Mice And Men, Papa Roach etc etc… Bref gros CV et gros son.

Plaisir des oreilles mais également plaisir des yeux, l’artwork signé Caroline Harrison nous emmène dans un univers visuel à la fois onirique et préoccupant, suggérant que la beauté du monde pourrait nous échapper du fait de nos actions. C’est certainement enfoncer une porte ouverte, mais c’est beau.

Moon Tooth a sans aucun doute possible réussi son troisième album, utilisant son excellence technique pour façonner des chansons aussi passionnantes pour le musicien attentif qu’accessibles pour l’auditeur sans d’autre attente que de passer un bon moment de rock.

En Playlist : Alpha Howl

2 réflexions sur “Moon Tooth – Phototroph

  1. Bonjour !

    Quelques remarques (perso, bien sûr) :

    Vous écrivez : le rock prog manque de mordant, certes, mais uniquement celui d’aujourd’hui ; l’alternatif manque de sophistication, bien sûr, c’est son but (comme la majorité du rock d’ailleurs) et le metal prog a un côté un peu trop intellectuel. Sûrement pas, tout au plus un peu trop compliqué. Pour le reste, la chronique me semble assez juste même si le disque est un peu trop uniforme et long à mon goût.

    D’autre part, votre site est propre, lisible et les chroniques plaisantes et bien faites.

    Je vous souhaite une bonne continuation et longue vie à votre site…

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    1. Salut Philéas,

      très heureux que cette chronique permette de lancer cette discussion !

      Il y a un simple malentendu sur le sens de la phrase, je n’affirme pas que le rock prog manque de mordant etc… et je suis même plutôt d’accord avec vos remarques, je ne fais qu’essayer d’aller chercher le lecteur dans ce qui pourrait l’amener à s’intéresser à l’album chroniqué.

      Merci d’avoir commenté, merci de vos lectures sur notre site et à très vite sur d’autres commentaires !

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