Les Ecoutes De Février 2023


Slipknot – The End, So Far

Roadrunner Records

4,5/5

On ne vous cachera pas qu’on aime encore plus Slipknot depuis We Are Not Your Kind (chroniqué ici). Les disparitions tragiques de Paul Gray puis de Joey Jordison ont amené le groupe à repenser son art, à ne plus se satisfaire de la simple brutalité chaotique. Les neuf de Des Moines excellent toujours autant lorsqu’il s’agit de bastonner, mais assument également désormais de nous offrir de superbes mélodies, à commencer par « Adderall » qui ouvre l’album avec gravité.

Voilà pourquoi la rage chez Slipknot a toujours sonné sincère, elle trouve sa source dans une immense mélancolie qui affleure à chaque fois que la pression sonore redescend. 

Mais n’allez pas croire qu’on est passés au rock alternatif, ça bucheronne dur et Corey Taylor met à nouveau en avant toutes ses qualités de hurleur. 

Encore un album de très haut niveau, Slipknot n’a peut être pas fini de nous surprendre.

En playlist : The Chapeltown Rag


Moundrag – Hic Sunt Moundrages

Dionysiac Records / Modulor

4,5/5

Epique, fougueux, intemporel. Quelque part entre Uriah Heep et King Crimson, les frères Duvivier réussissent sur leur premier album un véritable tour de force, créer une musique heavy, psyché et progressive riche, surprenante et délicieusement vintage. En duo. Orgue et batterie, leurs deux voix et c’est tout.

On redécouvre des sonorités 70’s, une certaine manière de composer sans se soucier du format et où la technicité sert la musique, laissant libre cours à toute créativité. Et quand deux virtuoses envoient balader les contraintes vous obtenez un objet sonore comme « La Poule », pièce majeure indiscutable de l’album, vingt minutes menés tambour battant et multipliant les rebondissements.

Un premier disque débordant de joie de vivre à écouter absolument.

En playlist : The Hangman


Point Mort – Pointless

Almost Famous

4/5

Jeune pousse metal pour laquelle toute autre étiquette moins générale serait cruellement limitante tant leur palette a d’envergure, les franciliens de Point Mort ferraillent tout feux tout flamme comme si leur vie en dépendait. Attendez vous à quelque chose de riche, complexe, surprenant à bien des égards, et qui part très vite ! Les hurlements déchirants répondent aux riffs alambiqués sur fond de blast beats ou autres ruptures rythmiques à vous casser les neurones.

Tantôt turbulent, glaçant, brutal, punk ou bien atmosphérique, ce premier album n’accepte déjà aucune limite de style, de format ou de technique. C’est dire si la suite est prometteuse. 

En playlist : In Cold Blood : A Warmer Heart…


Niagara – #Moyamusikanestichne

Violet Music

4/5

Tiens donc, un groupe qui s’appelle Niagara et qui est mené par une super chanteuse ça ne vous rappelle rien ? Si bien sûr, sauf que trente ans après leur split il n’est plus question ici de notre duo Rennais adulé et aux multiples tubes mais bien d’un groupe Ukrainien de Lviv et qui a trouvé le moyen de sortir son nouveau disque en pleine guerre. La définition du panache en quelque sorte et surtout encore une image d’un peuple qui ne renonce à rien quelles que soient les circonstances.

Niagara égraine sur les douze titres de ce cinquième album au titre emblématique Ma Musique Ne S’Arrêtera Pas un rock alternatif bourré d’énergie et à la production irréprochable. On pense à Paramore, aux Pretty Reckless. 

Comme de nombreux groupes Ukrainiens, Niagara participe à différentes actions de récolte de dons tout en restant actif artistiquement, chapeau bas.

En playlist : Snig


Haylen – Blue Wine

Le Backbeat

4/5

La scène rockabilly et rock’n’roll vintage française pourrait bien avoir trouvé sa nouvelle égérie. Haylen, diamant dans la voix, esthétique soignée, répertoire impeccable, était déjà dans les petits papiers de pas mal de professionnels, la voici prête à se révéler au grand public avec son premier album. Atmosphère Tarantinesque pour treize titres où dominent l’élégance, la mélodie accrocheuse et les arrangements classieux qui mettent en valeur une voix chaleureuse.

Un disque qui, sans complexe, vient hisser son interprète au niveau des meilleures productions internationales du genre. 

En playlist : Secret Rhythm


Lansdowne – Medicine

AFM Records

3,5/5

Quinze ans au compteur, bosseurs infatigables, les Américains de Lansdowne nous livrent ce mois-ci un album de metal alternatif impeccable que les fans du style ont la certitude absolue d’aimer furieusement tant ce disque respecte scrupuleusement le cahier des charges : section rythmique impitoyable et riffing puissant et mélodique et refrains catchy. Le tout ponctué de solos naturellement ravageurs. 

Voici donc un travail sérieux doté en plus d’une production façon char d’assaut, Medicine apparaît comme un traitement de choc idéal pour booster votre début d’année.

En playlist : Halo


Nico Manroe – Dark’n’Light

Autoproduction

3,5/5

Transportons nous à l’autre bout du monde pour rencontrer Nico Manroe, globe trotter accompli qui s’est finalement fixé (jusqu’à quand?) en Nouvelle Calédonie après avoir parcouru de long en large Europe, Maroc et Etats-Unis. Musicalement ce sont manifestement ces derniers qui ont le plus marqué le musicien, dans ce troisième EP solo tout du moins. Manroe y jongle en acoustique et en y jouant tous les instruments avec le punk, la country et le rock’n’roll. 

On pense aux Pogues ou à Tom Waits, donc n’allez pas penser trop vite qu’acoustique = tranquille. Un conseil, allez jeter une oreille sur son groupe, vous verrez vite que Manroe a plus d’une corde à son arc. Et que ça se passe sur sa page Bandcamp.


When The Light Dies – Into The Unknown

Vitruve Records

3,5/5

Le post rock a ceci de beau que là où l’on parlerait de single dans n’importe quel autre style, ici nous surclassons immédiatement la catégorie pour parler d’EP bien que nous n’ayons qu’un seul titre à nous mettre dans les oreilles. Pourquoi donc ? Parce que vingt minutes. Rappelons ainsi que pour notre bonheur les musiciens de post rock n’ont pas la même perception du temps qui passe que les autres. 

Ainsi s’étirent les minutes, le morceau se bâtit chapitre après chapitre et laisse un peu de côté les traditionnelles alternance tension / détente à l’exception d’une longue plage de drone occupant le troisième quart et qui nous amène vers le but final. Quand le chant arrive ce sont les guitares qui se déchaînent. Suspense pour les curieux, comme pour tout bon film, on ne dévoile pas la fin, mais leur page Bandcamp n’est qu’à un clic…

Conçu comme un épilogue à leur précédent album Wailing Of The Leonids (2020 – 1899286 records), « Into The Unknown » résonne comme une deuxième chance de faire connaissance avec ce formidable groupe suisse, en tout cas ici on a compris que l’on avait à faire à un potentiel solide représentant européen du genre.


Raedsel – Determined To End

Autoproduction

4/5

A la suite de leur album très réussi Menetekel sorti en 2021, les allemands de Raedsel nous ont offert à l’automne dernier un ravissant petit EP rempli d’un post rock toujours 100% instrumental et plutôt ambient marqué par un très habile chevauchement des guitares. Impression renforcée par l’absence de batterie sur la moitié du programme, laissant penser à du changement de ce côté puisque quand batterie il y a, elle est assurée de l’extérieur par Dennis Abstiens. 

Determined To End explore donc en parallèle deux facettes du groupe. Là où certains mêlent plages mélodiques et construction des tensions au sein d’un même morceau, Raedsel a choisi de traiter chaque aspect séparément. Les chansons s’en trouvent peut être un peu courtes mais cela ne vient en rien gâcher le plaisir de l’écoute.

En playlist : Shell


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