Les Ecoutes De Mai 2023


Brutus – Unison Life

Sargent House / Hassle Records

4/5

Le trio belge fait partie de ces groupes pour lesquels on n’oublie pas les sensations de sa première fois. Brutus a réussi en deux albums à se faire une place au milieu des grands du post rock avec leur vision un peu décentrée, moins axée sur les longueurs que sur la vivacité des compositions et sur la voix hyper expressive de la chanteuse et batteuse Stefanie Mannaerts. Unison Life, leur troisième opus creuse le même sillon, de l’ampleur et une rythmique qui pose toujours autant la question du comment fait-elle ? Allier comme elle le fait batterie solide, rythmes punk voir blasts tout en déployant une telle puissance vocale reste un exploit que l’on devra toujours saluer. 

Plus que jamais Brutus avec ce troisième chapitre de sa discographie n’en finit pas de devenir incontournable.

En Playlist : Dust


Aïtone – Follow

Musigamy

4/5

Voilà un bien bel univers à découvrir que celui d’Aïtone, à la croisée entre la Britpop élaborée d’un Radiohead et la folk, le tout transcendé par le lyrisme de la voix du chanteur corse et par les beaux arrangements savants, classiques et electro du réalisateur François Poitou.

Onze chansons captivantes, denses émotionnellement mais sans atermoiement et qui évoquent des thèmes fédérateurs comme les rêves, les peurs ou l’innocence plus ou moins perdue de l’enfance. 

Avec son deuxième album, Aïtone s’adresse à ce qui résonne en nous tous et sa musique a vocation à plaire au grand public sans frontière de style. En tout cas ce ne serait que justice.

En playlist : Nightmare


Zlam – Batchiv, Yak Vdixayout Gore

Autoproduit

3,5/5

Deux excellents albums en 2012 et 2014, un single subsidiaire en 2016 et puis s’en vont, c’est le bilan des ukrainiens de Zlam qui avaient pourtant le potentiel pour faire remuer du metalleux à travers le monde avec leur metalcore teinté de djent. 

Zlam jouait vite, technique et costaud, et les deux albums qu’ils ont laissés méritent largement de ne pas tomber dans l’oubli. C’est donc ce que nous vous proposons avec leur deuxième opus qui montrait un groupe en pleine possession de ses moyens. 

Les riffs sont globalement lourds, rythmiquement on se prend une dérouillée à chaque morceau tant le quatuor aime les ruptures dans un disque qui, s’il ne révolutionne pas le genre, nous en donne suffisamment pour que l’on espère un jour un retour du groupe.

En playlist : Bayduje Sho Kajout Inshi


Ex Hen – A Mémoire

Eizer Records

4/5

L’écriture poétique chez les artistes français est grandement restée l’apanage d’une certaine « chanson française », la faute à un héritage disons intimidant, Ferré, Brassens, Brel, Piaf et autres. Les musiciens de rock ont commencé à s’en emparer, Noir Désir, Eiffel, Luke par exemple ont bâti une partie de leurs réputations sur la qualité de leurs textes. Mais cette appropriation tarde un peu dans le metal. Or si vous avez souvent rêvé que les groupes de sludge aient quelque chose à dire en français, il se peut fort que ce premier album vous conquiert. Car si la musique présente toute la pesanteur et le riffing nécessaire, c’est bien par les textes qu’Ex Hen se démarque. 

L’atmosphère noire et la sincérité qui se dégage des mots fusionne littéralement avec les sons denses, et ce sans jamais tomber dans l’artificiel. A Mémoire transporte l’auditeur par sa beauté sombre et énigmatique. On en redemande.

En playlist : Gladiateur


Ugly Kid Joe – Rad Wings Of Destiny

Metalville

3,5/5

C’est le « feel good record » du mois, les américains d’Ugly Kid Joe ont sorti leur cinquième album, parodiant cette fois-ci Judas Priest dans le titre après nous avoir déjà fait le coup avec Led Zeppelin ou les Eagles. 

Evidemment ce sont les nostalgiques des early 90’s qui vont vibrer les premiers puis tous ceux qui se souviendront qu’il y a trente ans les radios passaient en boucle « Cats In the Cradle », que le morceau déchirait, que la pochette d’America Least Wanted (1992 The Island Def Jam) était marrante et que même si on écoutait du grunge et que le hard rock était ringardisé à mort Ugly Kid Joe s’en sortait justement par l’autodérision.

Rad Wings Of Destiny porte la marque de la grande époque du groupe qui encaisse les années tout comme ses auditeurs. Par conséquent et donc sans surprise le disque est moins turbulents que ses aînés tout en réservant quelques moments bien tranchants. On croisera AC/DC, The Kinks, du glam, du hard et même de la country, toujours avec le second degrés qui caractérise Whitfield Crane et ses acolytes.

En playlist : That Ain’t Livin’


Paulette – Paulette

Autoproduit

3,5/5

Notre OVNI du mois s’appelle Paulette. Un groupe auto-érigé en concept et qui ne fait rien comme tout le monde, le quatuor (humains + mannequin) pourrait jouer et déjà convaincre avec son rock plutôt stoner synthétique. Mais ce ne serait pas pareil sans Paulette, la vraie. Elle trône au centre de la scène pendant les concerts et inspire toute la créativité du groupe. 

Les dix titres de l’album font la part belle aux riffs puissants, aux refrains scandés et aux batteries furieuses, ce qui n’interdit pas quelques beaux moments de tranquillité. Pour ce qui est du chant, fille, garçon, en anglais, en français, Paulette aime varier tant que la vibration passe. 

Une bien belle découverte à faire, osez l’étrangeté.


O.R.k – Screamnasium

Kscope

3,5/5

Supergroupe formé autour du bassiste Colin Edwin (Porcupine Tree) et du batteur Pat Mastelotto (King Crimson), O.R.k est passé au fil de ses trois premiers albums du progressif à un rock alternatif aux forts accents « Soundgardeniens », en cause la voix très analogue de Lorenzo Esposito Fornasari à celle de Chris Cornell en particulier dès que ça monte. 

Le résultat donne un quatrième disque très flatteur qui reste largement agrémenté de beaux passages rythmiques complexes malgré son petit pas vers plus de mainstream.  Il ne manque peut être à O.R.k qu’un peu plus de personnalité pour vraiment s’établir comme une valeur sûre, ce défaut se retrouvant largement dans beaucoup de supergroupes, souvent des side projects. Compte tenu de la sortie d’Edwin de Porcupine Tree, le prochain O.R.k pourrait marquer un réel changement de braquet. A surveiller.

En playlist : As I Leave


Dalton – Soleil Orange

Village Pop

3,5/5

Les apparences sont parfois trompeuses, ils ont un nom aussi commun que leur rock est avant-gardiste, les parisiens de Dalton reviennent pour un deuxième album toujours aussi nerveux et attachant. Patrick Williams continue à exceller dans son parler-chanter, sa plume trempée à l’encre d’un humour malicieux fait mouche quand il parle de bagnoles, de losers magnifiques, de la vie quoi.

Les instruments grondent entre punk et rock garage, les lignes de basse vous hypnotisent, les touches d’electro ajoutent une sonorité new wave supplémentaire dans un rock qui n’en finit pas d’être singulier. 

A recommander à ceux que l’uniformité agace.

En playlist : Connexion


Lost In Kiev – Rupture

Pelagic Records

4/5

Le quatrième album des parisiens possède toutes les qualités pour faire de Lost in Kiev un acteur majeur de la scène post rock internationale. Des compositions évocatrices, puissantes et qui ont vocation à plaire aux fans du genre sur tout le spectre, qu’ils aiment le penchant synthétique ambient ou post metal. 

Mais Rupture n’est pas que l’album du présent, il trace des perspectives musicales passionnantes. Lost In Kiev vont-ils continuer à intégrer des voix ? L’apport de Loïc Rossetti de The Ocean fait l’unanimité à juste titre au point que la question peut se poser. La réponse appartient aux quatre du groupe, ils peuvent désormais tout se permettre, et nous attendons déjà béats d’admiration.

En playlist : Prison Of Mind


Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s