En dépit d’un goût certain pour le drama et la controverse le quintet britannique a su traverser les décennies et nous a livré il y a quelques semaines une des sorties de rock les plus attendues de 2020.
Un peu plus de quinze ans d’existence, sixième album, deuxième depuis le retour en grâce du chanteur Dennis Worsnop. Les Anglais, à l’instar de Bring Me The Horizon ont progressivement quitté les rives du metalcore pour incorporer à leur son plus d’éléctro et surtour ralentir et alourdir les tempos (ou les tempi, le débat formel est ouvert).

Like A House On Fire (2020 Sumerian Records) collectionne les riffs de headbanger comme jamais et sans round d’observation. Les quatres premiers morceaux tous choisis comme singles, voilà qui en dit long sur la volonté du groupe de rentrer dans le vif du sujet. Le mélange entre refrains accrocheurs – aux ficelles un peu évidentes comme sur « Antisocialist » – et riffs lourds signent le style du groupe, capable de satisfaire – ou de fâcher – des publics apparemment éloignés. Néanmoins les chiffres de vente et de streaming à plusieurs millions semblent indiquer que la cohabitation entre les deux publics ne pose pas trop de problème.
Cependant une collection de riff ne constitue pas un album, il reste aussi à démontrer que l’on sait calmer le jeu et exprimer autre chose que de la tension et de la colère. La première ballade, « I Don’t Need You », en duo, suit un schéma assez classique avec une petite tendance emo. Honorable effort de bonne volonté mais on sent le groupe moins à l’aise, moins d’originalité.
La tension est reconstruite progressivement jusqu’à « Take Some Time » qui aurait pu figurer dans la liste des singles, mais il faut bien faire de choix. Après un tel démarrage en trombe on pouvait craindre un certain passage à vide, or « I Don’t Need You », même sans être une réussite, permet d’initier le mouvement qui nous ramène vers les hauteurs. Pas de rechute après « Take Some Time », « One Turns To None » apporte un côté groovy assez inhabituel et bien vu et « Here’s To Starting Over » revient aux fondamentaux du début de disque.
Quinze titres, 52 minutes, une longue distance pour un album de rock ? En fait non, Asking Alexandria va même scorer un dernier single ultra accrocheur avec « The Violence », remarquablement amené par un enchaînement de titres efficaces et fédérateurs comme « It’s Not Me (It’s You) » ou « In My Blood ».
A nouveau confiée à Matt Good, vieux routier du genre, guitariste au sein de Destroy Rebuild Until God Shows (dont il faudra bien chroniquer le superbe et unique album à ce jour) ayant déjà réalisé pour Memphis May Fire, Sleeping With Sirens, la production a tout d’un grande et coche toutes les cases du disque blockbuster en rock américain. Gros son, mur de guitare, batterie aigüe avec forte reverb, et domination sans partage de la voix.

Taillés pour du live qu’on imagine grandiose, ces quinze titres n’ont évidemment pas pu prendre vie sur scène cette année. On pourra d’ailleurs remercier les gars d’avoir maintenu leur date sortie d’album en plein confinement là où tant d’autres ont été timorés.
On imagine que le groupe nous prépare de belles choses pour 2021, à commencer par un passage à Paris à La Machine Du Moulin Rouge le 17 Novembre 2020, pour l’instant.