Voici un premier album et de beaux espoirs qui auraient pu être anéantis par la crise sanitaire touchant le monde depuis 2020. Sorti en février, BRKN LOVE (2020 Spinefarm Records) a vu toute sa promotion pourtant prometteuse stoppée net dès le premier mois quand la situation s’est sérieusement corsée.

Visiblement il en fallait plus pour décourager l’éminence grise Justin Benlolo, le leader au nom rigolo (on avait dit pas les noms…) n’est pas du genre à se laisser vaincre par la déprime. Il a mis cette mise à l’écart à profit pour enrichir son disque de 4 titres indispensables dont la reprise « River » de Bishop Briggs, si réussie qu’elle en risquerait presque de faire de l’ombre aux compositions originales.
Du blues rock au stoner en passant par des nuances de pop, la musique de ce premier disque ne manque pas de séduire par son rock réfléchi et catchy. Ses influences restent peut être encore un peu évidentes, comment ne pas penser à Royal Blood ou Nothing But Thieves à l’écoute de « Flies In The Honey » ou aux intonations de Stephen Brodsky de Cave In sur « Don’t Panic » et « In Your Hands » ? Quand à « Complicated » elle offre le pattern de batterie de « Blood Sugar Sex Magic » des Red Hot Chili Peppers compilé à un riff rappelant parfois « Dead Star » de Muse. N’en demeure pas moins que BRKN LOVE fait montre d’une maîtrise rare pour un groupe mené par un gars de 22 ans.
D’ailleurs faisons un sort à la notion de groupe, comme l’indique avec tant de clarté la bio : « BRKN LOVE is Justin Benlolo ». Il n’y a donc pas à proprement parler de groupe, BRKN LOVE se situe entre le concept musical et le pseudo du musicien principal.
Capable d’une bonne dose de sauvagerie comme le démontrent par exemple les riffs rageurs de « Shot Down » ou « Don’t Panic », l’ensemble de l’album développe une vison plus équilibrée avec un usage modéré des guitares et une belle place laissée à la section rythmique notamment dans les couplets. En découle des réussites comme « Toxic Twin » ou « I See Red ».
Intéressons nous enfin aux 4 ajouts de la version Deluxe en faisant simple : 4 singles. Voilà qui s’appelle bonifier un album. Et tracer de belles perspectives. Dans ses nouvelles compositions le natif de Toronto cultive son penchant rock et sa capacité à trousser des mélodies catchy, au risque d’en faire un peu trop comme dans « Crush », mais « Buried » et « Bleeding » sortent du lot.
Quand à « River » déjà évoquée, on pourra la classer dans la catégorie de ces titres de variété dont les fans de rock vont pouvoir désormais profiter sans culpabilité.

Côté prod les manettes ont été confiées à Joel Hamilton, choisi par Justin Benlolo pour son travail avec le groupe Highly Suspect et dont le canadien est très fan. Hélas, bien que rock, il manque parfois un peu de stoner dans le mix pour soutenir notamment les passages les plus rugueux dans « Don’t Panic », « In Your Hands » ou « Shot Down ».
BRKN LOVE marque son entrée dans le paysage rock de fort belle manière avec un album réjouissant, certainement perfectible mais déjà un des meilleurs de 2020. Vivement la suite.
Une réflexion sur “BRKN LOVE – BRKN LOVE (deluxe edition)”